La guérison émotionnelle du cancer du sein

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La guérison émotionnelle du cancer du sein

Skin Dermo
Publié par Skin Dermo dans CANCER DU SEIN · 30 Septembre 2023
La guérison émotionnelle du cancer du sein.

Ce n’est pas parce que votre traitement est terminé que votre vie « d’avant cancer » va reprendre immédiatement. Souvent, la partie du traitement émotionnel de votre cancer commence à peine. Des sentiments de peur, de frustration, d’impuissance, et même de panique sont normaux. Beaucoup de personnes souffriront d’anxiété et d’un état dépressif.
Les programmes d’onco-réhabilitation peuvent aider, tout comme les contacts avec d’autres personnes vivant la même expérience que vous. Vous pouvez également contacter la psycho-oncologue ou votre infirmière coordinatrice pour obtenir de l’aide (psychologique) après votre traitement. La thérapie comportementale cognitive et la pleine conscience ont prouvé leur efficacité dans la gestion de la maladie et des traitements. Renseignez-vous auprès de votre hôpital.

La vie après cancer : un retour à la normale ?

Vous vous êtes remis(e) de votre opération et des éventuels traitements. Vous reprenez petit à petit une vie normale. Vous êtes naturellement soulagé(e) de pouvoir tourner la page, d’être à la maison. Mais c’est souvent alors que commence la phase émotionnelle de votre rétablissement. Vous avez mis toute votre énergie dans le traitement. Dans votre guérison. Dans votre survie. Un traitement du cancer du sein est quelque chose de très intensif. Vous entrez dans un engrenage de soins médicaux et votre sort vous échappe.

Vous êtes passés de la ‘survie’ à la ‘suite’ et à ce moment, vous pouvez avoir l’impression de tomber dans une sorte de trou noir, vous n’avez plus de repère depuis que vous savez qu’on vous a sauvé la vie. Un autre travail doit commencer. Celui qui renforcera votre guérison de façon pérenne et trouver de nouveaux soutiens pour ce faire.

Les visites, les coups de fil de la famille et des amis s’espacent. Pour votre entourage, le chapitre semble clos. « Tu n’as pas l’air en forme », vous dit-on. Vous commencez alors à douter de vous. Les expériences que vous avez vécues commencent à peine à décanter et toute sortes de questions émergent : « Qu’est-ce qui m’est arrivé ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? ».

Il n’est pas anormal que vous soyez alors en proie à l’angoisse, la colère, la frustration, l’impuissance ou même la panique. Et il n’y a plus personne à qui en parler. Vous ne vous sentez pas entendu(e) ou compris(e), et vous vous en voulez peut-être d’exagérer, parce que vous avez des difficultés émotionnelles suite à ce qui vous est arrivé. Sachez que ces sentiments sont normaux et ont le droit d’exister. Voyez-le en tant que partie du processus d’acceptation.

Beaucoup de patient(e)s du cancer ont l’impression que leur guérison n’est que corporelle et que le cancer persiste dans leur tête. Vous êtes guéri(e) aux yeux de votre entourage, mais l’angoisse de la récidive reste. Cela peut causer des problèmes de communication, en particulier avec votre partenaire, qui veut tourner la page sur ce passage douloureux de votre vie et faire des projets, tandis que vous n’en êtes pas encore capable et vous sentez donc incompris(e).

Un autre aspect auquel vous êtes alors confronté(e) : les conséquences des traitements sur votre corps. Vous n’êtes pas en bonne condition physique, tout est à refaire. Vous aviez espéré reprendre simplement le fil de votre vie après le traitement, mais neuf fois sur dix, ce n’est pas encore possible, ou cela prend plus de temps que vous ne l’aviez espéré. D’où l’importance des programmes d’onco-réhabilitation à l’hôpital, avec un encadrement physique et émotionnel. Les contacts avec d’autres personnes dans votre situation peuvent aussi aider. Elles comprennent ce que vous ressentez et peuvent parler de la manière dont elles-mêmes surmontent ou ont surmonté leurs émotions.

Il vous faudra peut-être du temps pour trouver un nouvel équilibre, accepter tous les changements dans votre vie après le cancer. Il n’y a pas de recette miracle. Chaque personne et chaque situation sont différentes. Les patient(e)s attendent souvent trop longtemps avant de consulter. Demander de l’aide ne signifie pas nécessairement des mois de thérapie, il suffit parfois d’un ou de deux entretiens.

Le cancer du sein fait l’effet d’une bombe. Il peut changer votre attitude à l’égard de la vie. Mais ne vous attendez pas à une métamorphose radicale. Vous restez un être humain et les humains s’énervent parfois pour des broutilles. C’est normal. Mais les ex-patient(e)s du cancer apprennent souvent à apprécier les petites choses de la vie. Ils réalisent que la vie est courte et précieuse. Beaucoup de personnes admettent qu’elles sont devenues plus sensibles après leur traitement. Elles pleurent plus facilement, sentent parfois leurs émotions les submerger, sont plus irritables.

Les activités de revalidation et de contact avec d’autres patient(e)s sont très précieuses. Elles permettent de partager quantité d’informations et de sentiments, mais aussi des fous rires, car ces personnes reconnaissent chez d’autres certaines de leurs propres réactions.

Cette peur de l'avenir ne va-t-elle jamais me quitter ?

Être confronté(e) au cancer, c’est être confronté(e) à l’incertitude, à la peur de l’avenir, au questionnement sur vos chances de guérison. La plupart des personnes concernées n’avaient rien senti avant de recevoir leur diagnostic. Comment pouvez-vous être sûr(e) que votre corps ne va pas vous trahir une nouvelle fois ? Comment vivre avec cette peur ?

Le traitement que vous avez subi est destiné à combattre définitivement la maladie. Mais il vous faudra parfois des années pour y croire. Il est important que vous trouviez un moyen de vivre avec cette peur. Un suivi médical rigoureux fait de visites régulières peut vous rassurer, mais chaque contrôle peut également être difficile à vivre. Vous êtes nerveux(se), vous vous attendez à une mauvaise nouvelle. Laissez libre champ à vos émotions, car elles sont plus fortes que vous. Plus vite, vous accepterez ces moments difficiles, plus vite, vous apprendrez à dominer votre peur.

Ce peut être une bonne idée de mettre vos questions et angoisses sur papier avant la consultation. C’est une bonne manière de dominer vos angoisses et de rester réaliste. Vous ne pouvez pas accélérer le processus, que vous le vouliez ou non. La confiance en l’avenir et la capacité de faire à nouveau des projets à long terme doivent grandir d’elles-mêmes. Plus le cancer est éloigné dans le temps, moins vous craindrez une rechute même s’il subsiste en vous une crainte.

Quelques conseils pour gérer la peur

Continuez à parler de vos angoisses, éventuellement avec d’autres personnes dans votre situation. Trouvez-vous un hobby ou une activité qui vous divertisse. Vous pouvez aussi chercher un cours ou une thérapie qui vous rende conscient(e) de votre force intérieure. Beaucoup de patient(e)s ont recours à la méditation, au yoga et aux exercices de relaxation.

Mettez noir sur blanc tout ce qui vous fait peur. Parfois, une crainte est infondée, mais ce n’est qu’en la lisant que vous vous rendrez compte que vous pouvez la laisser partir. D’autres craintes sont réalistes, telles que la peur d’une rechute. Définissez alors vous-même la façon dont vous pouvez gérer cela de manière saine. Par exemple, en apprenant à supporter la peur sans vous laisser submerger.

Montrez votre liste à une personne de confiance ou à un(e) psychologue et parlez-en ensemble.

Que peut faire mon entourage ?

Votre partenaire, votre famille et vos amis ne peuvent pas vous décharger de votre maladie, votre douleur et votre angoisse, mais peuvent vous apporter un grand soutien avec leur attention sincère et leur aide pratique. Peut-être voulez-vous qu’ils soient présents à chaque étape du traitement, qu’ils vous accompagnent chez le médecin ou à vos séances de chimiothérapie. C’est en tout cas une manière d’être moins seul(e) face au cancer du sein.

Ne perdez pas votre énergie avec des gens de votre entourage qui ne comprennent pas votre situation. Certaines personnes peuvent avoir tendance à minimiser votre maladie. Le cancer va souvent de pair avec une longue période d’émotions, même après les traitements. Un soutien émotionnel est donc important sur la durée.

Votre entourage peut aussi être d’un grand secours pratique. Le cancer du sein bouleverse non seulement votre vie émotionnelle, mais aussi votre vie pratique. Sollicitez les personnes sur qui vous pouvez compter pour vous amener chez le médecin ou à l’hôpital, vous accompagner à un rendez-vous important… Deux têtes valent mieux qu’une. Elles peuvent proposer de faire la cuisine ou d’aller chercher les enfants à l’école.

Quelques conseils pour votre entourage

Continuez à soutenir pratiquement et émotionnellement la personne après ses traitements. Le processus de guérison est loin d’être terminé. Soyez concret(ète) dans vos propositions d’aide : sortir le chien, faire des courses, vous occuper du linge…

Ne fuyez pas. Certaines personnes se sentent si mal à l’aise qu’elles évitent le/la malade. Il n’est pas toujours nécessaire de savoir quoi dire. Une présence suffit parfois.

Même si la maladie vous semble très loin, demandez des nouvelles de temps en temps. Si la personne souffre encore, est fatiguée ou angoissée. Réservez du temps pour pouvoir écouter ce qu’elle veut dire et pour avoir une conversation.

Il n’est pas nécessaire de beaucoup parler. Concentrez-vous surtout sur l’écoute. Laissez parler votre ami(e) ou votre partenaire de son expérience avec la maladie. Donnez-lui l’occasion de parler de ses sentiments comme le chagrin, la douleur, la peur, etc. Ne les minimisez pas et entendez-les. Vous pouvez ne pas comprendre ses émotions et son ressenti, mais vous pouvez les respecter.
Ne faites pas des réflexions du genre : « Tu es toujours aussi fatiguée ? ». Chaque corps est différent et a son propre rythme de récupération.

Ne lui imposez pas votre aide, même au début de la maladie. Faites des propositions concrètes. Sachez que l’autre peut avoir du mal à accepter sa perte d’autonomie due à la maladie.

Faut-il rester positif(ve) ?

Il est normal qu’une personne à qui on annonce un cancer traverse une crise grave. Vous avez le droit d’être en colère, angoissé(e) par l’avenir, triste et même jaloux(se) de ceux qui sont en bonne santé. Ce sont des sentiments tout à fait humains et qui n’ont aucune conséquence pour votre guérison. Laissez les patient(e)s vivre leur dépression. Leur dire de se reprendre à la moindre baisse de moral leur fait subir une forte pression.

Tout le monde traverse des moments d’espoir et des crises de désespoir. Il vaut mieux ne pas trop lutter contre ces émotions complexes, car cela demande beaucoup d’énergie et bloque même la capacité de ressentir des émotions positives.  Là où il faut faire attention, c’est quand la crise dure, car vous courez le risque de vous épuiser physiquement et mentalement. La crise peut alors déboucher sur une angoisse profonde ou la dépression durable. Si vous avez le sentiment que vous n’avez plus le contrôle de votre vie, si vous ne dormez plus, ne fonctionnez plus normalement, en raison de votre angoisse, il vaut mieux consulter un professionnel.




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